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Castigno, un village pas comme les autres

L’histoire, la concrétisation d’un rêve L’histoire a commencé il y a une dizaine d’années quand un couple de Belges Flamands qui avait les moyens, Tine et Marc Verstraete, a craqué pour un château viticole perché sur les collines d’un village de 150 habitants nommé Assignan. Un petit paradis de l’arrière-pays héraultais, au sud du vignoble de Saint-Chinian, où garrigue, vignes et cyprès, évoquent les paysages bucoliques toscans. Après une réhabilitation soignée du château, qui est aujourd’hui leur demeure, ils ont acheté quelques maisons laissées en désuétude afin de pouvoir y accueillir famille et amis. Parallèlement à cela, ils ont souhaité poursuivre l’histoire des 32 hectares du domaine. Des vignes d’une moyenne d’âge de 50 ans, sur des terroirs qualitatifs, qu’il aurait été bien dommage de ne pas valoriser. Chemin faisant, ces entrepreneurs dans l’âme, ont eu envie de ficeler leur rêve autour d’un projet œnotouristique de charme. C’est ainsi qu’est né le Village Castigno. Le Village Castigno, vis ma vie de villageois Toutes de rouge vêtues, afin de rappeler la couleur du vin, les différentes enseignes de Castigno sont parsemées dans les petites rues du village.  Sur la jolie place pavée baignée du soleil languedocien, vous trouverez la réception, l’Epicerie et le bistrot La Petite Table. Vous partirez en voyage en Asie au détour d’une ruelle, à la table du restaurant Thaï ou lors d’un massage balinais au centre de bien-être le Petit Péché. Vous mettrez les petits plats dans les grands en dégustant la partition à quatre mains des frères Ruben, les 2 chefs du restaurant gastronomique La Table. Pour les plus chanceux d’entre vous, vous passerez une douce nuit dans une des 24 chambres et suites nichées dans les maisons du village (Vendangeurs, Villa Rouge, Maison d’Amis). Le tout sans connexion internet. L’endroit parfait pour envisager une « digital detox » afin de « renouer avec une autre forme de temps, dédiée au bien être, au plaisir du bien manger, du bien boire et du bien vivre ». Vous l’aurez compris, le Village Castigno n’est pas tout à fait un hôtel, bien plus qu’un vignoble, c’est une expérience qui incite au lâcher-prise, à l’éveil des sens et au partage… La cave du Château Castigno, l’époustouflante  Au printemps 2018, pour les 10 ans du domaine, la nouvelle cave du château s’est érigée telle une bouteille à la mer avec vue sur le Parc naturel du Haut-Languedoc. Une œuvre architecturale unique et audacieuse, de 80 mètres de long et 18 mètres de large, à l’allure élancée, qui s’intègre parfaitement dans le paysage. Une sculpture en forme de bouteille de vin, posée sur la terre, soutenue par des branches, entièrement recouverte de chêne liège. A l’intérieur, la magie des lieux atteint son apothéose. Caveau de vente feutré, salle de dégustation qui s’ouvre sur la nature, cave de vinification high-tech, chai à barriques aux courbes circulaires, le tout réalisé dans des matériaux recyclés. Dans le verre, les différentes cuvées sont bien ficelées, expressives, empreintes de vérité. Une qualité qui témoigne du travail soigneux réalisé au vignoble (culture biologique, vendanges manuelles) et au chai (vinification parcellaire, extractions douces…). Mes 2 chouchous : Château Castigno blanc, un assemblage harmonieux de Grenache Blanc et Roussanne, pour un moment de gastronomie, et Secrets des Dieux, un rouge issu du trio Grenache Noir, Syrah et Carignan Noir, pour une parenthèse conviviale. Même si quelques irréductibles n’ont pas vu d’un bon œil la réhabilitation de leur village natal, on ne peut pas nier que cette initiative a réveillé la petite commune d’Assignan, qu’elle met en lumière les 7 domaines voisins et qu’elle fait briller le Languedoc ! Le Village Castigno est un petit monde à part, pour de grandes sensations… ]]>

Les femmes du vin au fil de la nature

ème siècle, celle du Château Lamothe de Haux. Isabelle a, à peine, eu le temps de troquer sa tenue de terrain pour retrouver sa coquetterie naturelle. Nous la retrouvons hésitant entre deux paires de chaussures, un grand sourire aux lèvres. Isabelle est basque, elle a grandi à Mouguerre, un village à côté de Bayonne, avant de quitter « son pays » natal pour poursuivre ses études à la capitale. Elle a toujours été une élève brillante. Après les Classes Préparatoires du lycée Montaigne à Bordeaux, elle a intégré la prestigieuse école d’agronomie, AgroParisTech où elle s’est spécialisée en phytopathologie (les maladies des plantes). Bien que sa famille ne soit pas issue du milieu agricole, elle a grandi à la campagne et s’est toujours sentie proche de la nature. Elle a suivi un cursus lui permettant de travailler à l’extérieur, en rapport avec le végétal. Cela fait maintenant 31 ans qu’elle œuvre pour la santé des plantes. Portée par l’intérêt pour son métier, elle a su résister aux diverses fusions et acquisitions qui ont abouti à la création de la société Bayer France. De la Vallée du Rhône au Bordelais, en passant par le Gers, les Charentes, la Dordogne, elle a dispensé des conseils techniques relatifs aux plantes cultivées dans ces différents territoires. Aujourd’hui basée à Bordeaux et rayonnant sur le grand Sud-Ouest, elle travaille notamment sur la culture de la vigne et l’encadrement de l’utilisation des produits phytosanitaires en vue de limiter les impacts sur l’environnement et de garantir la sécurité des applicateurs et des consommateurs. La WINEista. Selon vous, quels sont les enjeux de demain en termes de traitements de la vigne ? Isabelle Ladevèze. Je pense que le gros levier d’amélioration concerne les techniques d’application des produits. De nouvelles technologies pourront se développer demain qui éviteront l’utilisation de pulvérisateurs pour traiter la vigne. L’arboriculture travaille déjà sur le projet PulVéFix et des essais sont en cours sur la vigne. Il s’agit d’un système fixe de pulvérisation, installé sur chaque plante, évitant ainsi l’utilisation des tracteurs et des pulvérisateurs qui consomment du carburant, rejettent des gaz à effet de serre, tassent les sols, font du bruit, peuvent gêner les riverains. Cela permettra d’être très réactif, de pouvoir traiter l’ensemble d’une exploitation juste avant une pluie, de faciliter l’emploi de produits plus difficiles à positionner comme les biocontrôles (ndlr : des produits d’origine naturelle qui régulent les maladies ou les ravageurs). La WINEista. Aujourd’hui il y a un rejet de la chimie, n’y a-t-il pas des molécules d’origine naturelle qui soient dangereuses ? I.L. Oui bien sûr ! L’origine naturelle ne garantit pas du tout l’innocuité. Il y a bon nombre de substances toxiques d’origine naturelle. Un amalgame est malheureusement fait par certains, entretenu par d’autres, mais qui est faux. Avant leur autorisation de mise sur le marché, les produits de protection des plantes ont une évaluation qui est très poussée en Europe et en France, au moins comparable à celle effectuée sur les médicaments. Ces études permettent de vérifier scientifiquement que les produits sont efficaces et que leur impact est acceptable pour l’environnement, l’agriculteur, le consommateur, le riverain et le promeneur. Cela n’est cependant pas une garantie de zéro effet. Toute action humaine a un impact environnemental. Les diverses solutions de protection des cultures permettent de lutter contre un organisme vivant, cela ne peut pas être complètement neutre. C’est pour cela que ces produits sont évalués avant leur autorisation et s’accompagnent de conditions d’utilisation précises et réglementées comparables à la posologie des médicaments. On se soigne tous même s’il peut parfois y avoir des effets secondaires car on connaît le bénéfice du soin, qui est supérieur au risque. Si l’espérance de vie a considérablement augmenté dans les pays développés, c’est principalement parce que l’on a amélioré notre alimentation et notre santé. La WINEista. Pourquoi les vigneronnes et vignerons utilisent-ils des produits phytosanitaires pour traiter la vigne ? I.L. Parce que la vigne est une plante sensible à plusieurs maladies. Ces maladies peuvent entraîner des défauts qualitatifs de la vendange et des vins, des pertes conséquentes de récoltes. Il y a des travaux en cours afin de sélectionner des cépages plus résistants mais cette solution n’est envisageable qu’à moyen terme. Les cépages actuellement cultivés sous nos latitudes sont très sensibles au mildiou, à l’oïdium et au botrytis. Dans le Bordelais, le mildiou peut entrainer une destruction totale de la récolte. Comme cette année, où la maladie a été très virulente. Il y a un impact économique énorme pour des viticulteurs qui vivent de leur production ! Les seules solutions proposées aujourd’hui sont de protéger la vigne avec des produits phytosanitaires que celle-ci soit en culture biologique ou pas. La WINEista. Leurs pratiques ont-elles évolué ces 30 dernières années ? I.L. Oui ! Tous les acteurs ont progressé ! Les produits ont évolué. Ils sont de plus en plus sélectifs, donc avec de moins en moins d’impacts secondaires. Même si, comme je l’ai dit avant, on n’aura jamais de produits complètement neutres. Les vignerons raisonnent beaucoup plus leur protection. Ils utilisent l’agronomie pour limiter le développement des maladies. Ils ont des outils d’aide à la décision, qui tiennent compte du climat et de la dynamique de l’épidémie, leur permettant de décider ou pas de traiter et à quel moment. Ils arrivent aussi à mieux cibler la pulvérisation sur le végétal et éviter les dérives. Ils se protègent mieux. Ils prennent en compte la biodiversité, on voit de plus en plus de vignes enherbées. Il y a eu une vraie prise de conscience du monde viticole sur le fait qu’on n’utilise pas de produits anodins même s’ils ont été homologués après une évaluation du risque. L’objectif est d’avoir des raisins de qualité, pour obtenir de bons vins, en respectant au mieux l’environnement et l’applicateur. La WINEista. En vigne, y a-t-il une mission, que vous avez menée, qui vous a tout particulièrement comblée ? I.L. Oui ! Il y en a plusieurs ! Je vais parler de la plus récente. J’accompagne un viticulteur dans sa démarche proactive consistant à expliquer son métier à ses voisins. Le but est de définir ensemble une façon de fonctionner qui satisfasse tout le monde. On a organisé une visite du domaine, des ateliers de travail, afin de définir une charte de « bien vivre ensemble ». Par exemple, d’éviter les nuisances sonores en ne traitant pas avant 7h du matin, en prévenant le voisinage la veille de chaque passage du pulvérisateur. La grande majorité d’entre eux a joué le jeu. Quand on explique les réalités d’un métier et que l’on établit le dialogue, tout le monde arrive à cohabiter. La WINEista. On parlait précédemment des nuisances dues à l’utilisation des tracteurs, que pensez-vous du retour des chevaux dans les vignes ? I.L. Je n’ai pas trop d’avis sur la question. Cette utilisation est marginale. Si cela leur fait plaisir ! Je pense cependant que c’est une démarche « marketing ». Un beau cheval de trait est très photogénique. J’espère qu’il y a de vraies convictions pour certains, mais je ne pense pas que cela soit toujours le cas… La WINEista. L’utilisation des produits phytosanitaires a fait débat suite à l’émission de Cash Investigation. En tant que professionnelle de la protection des cultures, quelle est votre avis sur ce documentaire ? I.L. C’est un reportage à charge, qui joue sur la peur. Par exemple, concernant les molécules retrouvées dans les cheveux des enfants de l’école de Léognan, j’ai consulté certaines de ces analyses et on ne retrouve que très peu de molécules utilisées en agriculture, un peu plus à usage domestique. De plus, il ne faut pas oublier que la présence ne veut pas dire qu’il y ait un risque. Les quelques molécules retrouvées sont à des doses infinitésimales, cela n’a aucune signification toxicologique. C’est donc une vision complétement biaisée des choses, basée sur des sources peu fiables qui n’ont aucune valeur scientifique. Parler des enfants cela fait peur. On joue alors sur l’affectif et l’émotionnel. C’est très bien monté pour affoler les gens et cela a malheureusement marché ! La WINEista. N’est-il pas difficile de travailler pour une multinationale qui n’a pas souvent bonne presse ? I.L. Euh… Je ne veux pas mentir, c’est plus difficile qu’avant. Parce qu’il y a de plus en plus de personnes de la filière qui sont gênées d’évoquer le sujet de la protection phytosanitaire. Cela traduit un contexte qui n’est pas raisonnable ou raisonné. En arriver là c’est quand même bien dommage ! Les produits phytosanitaires sont essentiels à la production agricole. Il faut bien sûr les utiliser du mieux possible. Moins on les utilise, mieux c’est. C’est comme les médicaments, moi, moins j’en prends, mieux je me porte. Tout le monde voudrait arriver à cela ! Je sais pourquoi je travaille et dans quel esprit on le fait. Je connais tout le travail qui est fait en amont avant d’autoriser la mise sur le marché de nos produits, tout le travail qui est fait pour accompagner leur utilisation. Je connais le professionnalisme de mes collègues, le sérieux et la rigueur des autorités qui nous délivrent les autorisations. On fait ça pour protéger les cultures et pas pour empoisonner la planète ! La WINEista. Pensez-vous que le monde du vin soit macho ? I.L. Pas plus qu’ailleurs… Il y a certaines personnes qui n’ont pas une vision égalitariste des hommes et des femmes, mais pas plus que dans un autre secteur. La WINEista. Aujourd’hui, a-t-on la parité hommes/femmes dans les métiers techniques de la protection de la vigne ? I.L. Non pas du tout ! Il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes, même si la profession s’est féminisée depuis 10/15 ans. Mais les hommes sont prêts à écouter des bons conseils apportés par une femme. Je me mets rarement en position de me dire que j’ai un handicap parce que je suis une femme. Je me dis que je fais mon boulot le mieux possible, point. Après, de temps en temps, on sent que la relation est biaisée parce qu’on a un homme en face qui nous regarde différemment parce qu’on est une femme. Mais c’est quand même pas si fréquent que ça.  La WINEista. Quelle bouteille emporteriez-vous dans votre valise si vous deviez partir plusieurs mois sur une île déserte ? I.L. Oh là là !!! Pour plusieurs mois, il me faudrait plus qu’une bouteille ! Plus ça va, plus j’apprécie les blancs. J’aime leurs arômes primaires de fruits, de fleurs. Je prendrais un Saint-Péray. La cuvée Les Pins, du Domaine Bernard Gripa. Ce vin me fait rêver ! Il a un nez charmeur, séduisant, et en bouche, il est super bon. La WINEista. Et vous rêveriez de la déguster avec quel plat ? I.L. Ah ! C’est une bonne question… C’est un vin qui est tellement bon, que je n’ai presque pas envie de manger avec ! Il ne faut pas quelque chose qui l’éteigne. Je l’aime à l’apéro ou avec des poissons fins. La WINEista. Si je vous dis « environnement », cela vous évoque quoi ? I.L. La nature et l’Homme. On est une composante de l’environnement. On est l’animal qui s’est le plus développé et qui a le plus bouleversé son environnement. Il faut continuer à progresser sur sa protection, sans tout rejeter en bloc. On ne pourrait pas revenir à l’âge de pierre ! La WINEista. Quel est l’endroit de Bordeaux qui vous fait chavirer ? I.L. Les quais sont une réussite totale, au niveau paysager et humain ! Les gens se les sont appropriés, ils sont devenus un vrai lieu de vie. J’aime beaucoup aussi le Grand Théâtre. Ce bâtiment est magnifique !  La WINEista. A Bordeaux, où allez-vous dîner quand vous avez envie de vous régaler ? I.L. Je suis récemment allée chez Glouton, pas loin du Palais de Justice. C’est super bon, avec une ambiance sympa et décontractée. J’aime aussi le Peppone cours Clemenceau. J’adore aller dans leur cave, me perdre pour chercher une bouteille de vin. J’aurais aimé pouvoir discuter des heures avec Isabelle. Parce qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, ni la langue de bois, et qu’elle a une vision pratique de la réalité du terrain. Elle connaît les enjeux et les problématiques de la protection de la vigne. Peu importe les divergences d’opinion, la filière ne pourra trouver des solutions que si elle travaille main dans la main, avec courage et sincérité. Merci Isabelle ! Retrouvez les autres interviews des femmes du vin : * Laurence Chesneau-Dupin, Conservateur en chef du Patrimoine, Directrice de la culture de La Cité du Vin à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de la cité. * Coralie de Boüard de Laforest, gérante du Château La Fleur de Boüard et vigneronne du Château Clos de Boüard : Les femmes du vin au fil des cuves. * Karine Vallon-Pin, responsable chêne pour l’œnologie au sein du groupe Charlois : Les femmes du vin au fil de l’élevage. * Monia Aoudi, chef sommelière au restaurant Le Prince Noir à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de l’assiette. * Latifa Barthe Saikouk, vigneronne au domaine Saïkouk / Le Mont du Puit : Les femmes du vin au fil des sarments. * Anne Le Naour, directrice générale adjointe des propriétés bordelaises de Crédit Agricole Grands Crus : Les femmes du vin au fil des galons. * Jane Anson, journaliste vin et écrivaine : Les femmes du vin au fil des lignes. Crédit photo : Atelier Goodday, Gabriel Guibert.]]>

Nos envies « vin » de la rentrée

la Vivarelle, entre deux ceps de Syrah et bon nombre de remontages, que se fera ma reprise de rêve. Un retour aux sources, un grand plongeon dans la réalité, guident nos envies « vin » de la rentrée. Mais quelles sont-elles ? Renouer avec le rouge Bien que le vin rouge ne soit pas antinomique avec l’été (voir billet 5 vins rouges qui font bronzer), il est vrai que les pics de canicule et leurs apéros colorés ne sont pas forcément propices aux tanins serrés. Quel immense plaisir de déboucher les pépites glanées l’hiver dernier, pour un dîner à la robe profonde, au nez épicé et à la finale longue. S’attabler entre amis Après toutes ces aventures, il est appréciable de renouer avec nos valeurs sûres. Qu’il est bon de se réunir entre amis à la table de nos restos préférés pour retracer le fil de l’été et dérouler celui de la rentrée. Que ce soit devant une entrecôte saignante accompagnée d’un Pessac-Léognan, ou un poke bowl végétarien assorti d’un blanc sec du Jurançon, les retrouvailles seront propices à nous donner le sourire. Ne pas laisser tomber le rosé Il a été notre compagnon préféré de l’été, sachez qu’il est capable de nous accompagner toute l’année. La richesse incroyable des vignobles français (et d’ailleurs), fière de ses cépages autochtones, de ses terroirs singuliers, de ses méthodes de vinification et d’élevage soignées, nous offre une large palette de vins rosés, qu’il serait bien dommage de bouder. Ne nous cantonnons pas aux rosés d’un soir « made in » Provence. Même si cette région est leur fer de lance, bien d’autres sont capables de nous étonner. Lutter contre la routine Pour une rentrée comblée, il est peut-être temps de penser à stimuler notre palais ! Partons à la conquête de cépages délaissés par nos papilles, d’appellations inhabituelles à nos verres, d’accords mets et vins plus osés. Une mauvaise expérience ne doit en aucun cas se transformer en certitude. Cela n’était peut-être pas le bon moment ou le millésime adéquat. Se prévoir une virée Il n’y a rien de mieux pour se motiver que de s’organiser une petite virée. Quand la carotte prend la forme d’une bouteille, les « wine lovers » en sont revigorés. Direction un lieu de charme, pour un weekend dédié à l’œnotourisme : au Château La Coste, au Château Chasse-Spleen, au Château Autignac, à la roulotte du Bartas, à l’hôtel Le Castel Pierre, à l’Hôtel de la Villeon, à La Coopérative Riberach, dans un foudre au Château de Bonhoste, au Village Castigno (article à venir sur le blog). La liste de nos envies « vin » de la rentrée est animée par notre bonheur de vivre, avec curiosité…]]>

Au Château La Coste l’art et les vignes s’expriment librement

De par la richesse de ses vins Ce vignoble de 120 ha, situé le plus au nord de l’AOP Coteaux d’Aix-en-Provence, à la frontière du Luberon, bénéficie d’un climat plus frais et d’une grande diversité de sols (basaltes, argiles blanches et rouges, calcaires).  On pourrait s’attendre à déguster des vins faciles et bien « marketés ». Mais, dès les premières gorgées, on ressent le soin apporté au travail de la vigne et au respect de l’expression des terroirs. Le sublime chai semi-sphérique, vêtu de tôles ondulées d’acier, conçu par le célèbre architecte français Jean Nouvel, aurait pu être un bâtiment d’apparat. Mais, cette cave high-tech a réussi le pari difficile d’allier prouesse architecturale et technicité. Ici, tout se fait par gravité afin de préserver l’intégrité des baies et la qualité des vins.  Il en résulte une belle gamme de produits, allant des cuvées plaisirs, aux grands vins de garde. Mon chouchou est le Grand Vin Rosé 2015. Un superbe vin de gastronomie, à marier avec des plats épicés (paella, couscous, tajine), complexe et élégant. Il témoigne comme personne, que les rosés peuvent aussi passer l’épreuve du temps et s’inviter sur nos tables toute l’année ! De par la richesse de ses œuvres On pourrait penser qu’il est facile de faire de belles choses quand on a de l’argent et que l’on s’entoure des plus grands en terme d’art et d’architecture. Mais, quand on arrive au Château La Coste et que l’on se retrouve devant le Centre d’Art de Tadao Ando, un bâtiment vertigineux de verre et béton, aux lignes épurées, qui reflète la nature environnante et l’araignée mythique de Louise Bourgeois, on comprend que tout ceci est l’apanage d’un passionné. La promenade Art & Architecture à travers les bois, collines, champs d’oliviers et vignes regorge d’œuvres hallucinantes : le Pavillon de Musique de Frank O. Gehry, la croix rouge de Jean-Michel Othoniel, le cube de Sean Scully, la cabane de Liam Gillick, la goutte argentée de Tom Shannon… Comptez minimum 2 heures pour la savourer. Patrick McKillen est un homme discret qui met les créations en lumière. C’est juste énorme d’avoir toutes ces références dans le sud de la France ! De par la richesse de ses prestations Pour couronner le tout, le lieu excelle dans l’art culinaire. On y trouve 3 restaurants : le restaurant de Tadao Ando au sein du Centre d’Art, La Terrasse au cœur des vieux bâtiments du domaine et le restaurant argentin Mallmann. A flanc de coteaux, on devine un bâtiment contemporain parfaitement intégré dans le paysage. Il s’agit de la Villa La Coste, un hôtel & spa de luxe magique doté d’un restaurant gastronomique orchestré par le chef Gérald Passedat. Il paraîtrait même qu’une école d’œnologie signée Jean Nouvel va venir compléter l’offre dans quelques mois… Le Château La Coste est un lieu en perpétuel mouvement, qui laisse la liberté aux talents et aux créations. Ce n’est pas qu’un musée à ciel ouvert, c’est aussi un domaine viticole digne de ce nom. ]]>

Quels vins pour les résultats du bac ?

Pour les admis C’est enfin le début de la vie étudiante, synonyme d’émancipation pour les heureux bacheliers et de nostalgie pour les parents bientôt esseulés (surtout quand il s’agit du petit dernier !). Envie de célébrer comme il se doit ce tremplin vers de nouvelles aventures enrichissantes, une cuvée joyeuse et accessible permettra de réunir le plus grand nombre autour de votre bonne étoile. La cuvée Stella du Mas Bres, IGP Cévennes, révèle comme personne cet assemblage original de Riesling, Pinot Gris et Vermentino. Un nez qui virevolte de fruits exotiques et de fleurs blanches. Une bouche guillerette de fraîcheur, à la trame minérale. Pour les admis avec mention Alors là bravo ! Vous voilà fier et choyé comme un coq en pâte, promis à un bel avenir. Profitez pleinement de ce moment de gloire bien mérité, avant d’affronter les enjeux de la rentrée. Un champagne fera l’affaire, pour trinquer à votre réussite et relâcher la pression. Evidence, Champagne Gremillet, apparaît ici comme une évidence. Un blanc de blancs somptueux de délicatesse, aux douces notes de bois de senteur, encens à la vanille, agrumes, à la fois ample et frais au palais. Une cuvée qui vise l’excellence, avec modestie. Pour le repêchage Restez concentrés, les dés ne sont pas encore jetés ! Avant de se relancer à fond dans les révisions, vous pouvez vous octroyer un verre à ballon. Un vin tout en douceur, qui cajolera vos papilles avec bonheur. Un rosé d’Anjou, Domaine de la Petite Roche, à la suavité bien compensée par sa vivacité, au nez dynamique de petits fruits rouges et de rose. Pour les recalés Il y a des jours où l’on ne se sent pas au mieux de sa forme et où l’on regrette peut-être son manque d’assiduité. Ce n’est pas la fin du monde, vous aurez l’opportunité de vous rattraper l’année prochaine. Il s’agit maintenant de vous retrouver face à vos responsabilités. La cuvée de votre choix, pour un nouveau départ…]]>

Les femmes du vin au fil des lignes

  Jane est originaire d’Oxford. Elle a vécu plusieurs années à Londres, où elle a fait ses études de littérature, puis d’édition, au renommé University College London. Elle a commencé à écrire sur l’univers du vin au cours de ses 5 années passées à Hong Kong et au Japon, avant de plonger complètement dans le bain lors de sa venue à Bordeaux en 2003. En tant que correspondante pour le magazine Decanter sur le vignoble bordelais, sa plume avertie a couvert, dès son arrivée, des sujets d’actualité, des portraits de personnalités. Sa soif de connaissances et son intérêt pour le vin l’ont poussée à se perfectionner en œnologie. Elle a eu le courage et la motivation de reprendre ses études afin d’obtenir le WSET et le Diplôme Universitaire d’Aptitude à la Dégustation (DUAD) à la Faculté d’œnologie de Bordeaux. Après 10 ans d’expériences dans la région, ses nouvelles compétences techniques lui ont fait porter une autre casquette, celle de critique de vin. La personne en charge d’attribuer les redoutables notes des différentes cuvées. Jane a souhaité prendre son temps afin de connaître tous les tenants et aboutissants de la filière vin bordelaise. Puis son désir d’écrire des livres, celui qu’elle ressent depuis l’âge de 7 ans, l’a rapidement rattrapée. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages de haut vol : Angélus (Editions de la Martinière 2015), Elixirs, Premiers Crus Classés 1855 (Editions de la Martiniere 2012). Son petit dernier, Wine Revolution (Quarto Publishing 2017), sera traduit en plusieurs langues, dont le français, sous le titre Le vin naturellement.  La WINEista. Qu’est ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? Jane Anson. J’ai toujours voulu écrire des livres, depuis que je suis toute petite. Cela me passionne beaucoup. C’est un projet intellectuel difficile, qui prend plusieurs années. Il y a toujours un moment où l’on perd confiance en soi, où l’on se demande comment on va arriver à organiser toutes ces informations. Puis, d’un coup, tout devient d’une clarté absolue. J’adore ! J’aime écrire sur le vin parce que chaque petit élément à un impact énorme sur ce que l’on retrouve dans le verre. La WINEista. Quels sont les temps forts de votre métier ? J.A. Les dégustations en primeur. Surtout depuis que je note tous les vins pour Decanter. C’est une période très chargée, qui dure de mars à mi avril, où je déguste environ 700 vins. C’est fascinant, cela m’aide à comprendre le millésime. Il y a aussi quand je rédige un livre. Pour mon dernier livre, ces 2 temps forts sont tombés en même temps. J’ai du travailler tard le soir. La WINEista. Pensez-vous que les notes font « la pluie et le beau temps » pour les vins de Bordeaux ? J.A. Je crois que ces notes ont un sens. Pour le dégustateur, elles permettent de comprendre un terroir, un millésime. Pour le consommateur, elles aident à repérer les bons rapports qualité prix. Mais c’est loin d’être la seule façon d’apprécier un vin. Pour moi, il est très important d’accompagner ces notes de commentaires qui aident à les replacer dans un contexte donné.  La WINEista. Vous êtes « spécialisée » sur le bordelais, qu’est-ce que ce vignoble a de plus que les autres ? J.A. Hum… Une chose qui est chouette à Bordeaux est que, si il y a un super millésime, tout le monde peut faire des vins fabuleux. Et si les conditions météo sont plus difficiles, ils ont aussi la possibilité d’élaborer des vins complexes, subtils. Bordeaux n’a pas besoin d’excès pour être très bon. Ici, il y a un équilibre et une fraîcheur qui me plaisent beaucoup. J’aime aussi la capacité incroyable des vins de Bordeaux à vieillir. J’ai fait une super dégustation pour célébrer les 150 ans du Château Lafite Rothschild. On a eu des vins de 1881, 1894. C’était fou ! Ils étaient toujours délicieux ! La WINEista. Le millésime 2017 à Bordeaux n’a pas été facile (ndlr : gelée), on peut le qualifier d’hétérogène, qu’en est-il des prix en primeur ? J.A. Le problème avec 2017 c’est cette hétérogénéité. Les prix aussi sont hétérogènes. Il y a quelques châteaux qui ont diminué leurs prix d’environ 20 %, mais il y a aussi ceux qui ne les ont quasiment pas baissés. Cela va être compliqué de s’y retrouver pour les consommateurs. D’une façon générale, les prix baissent moins que ce qu’ils augmentent lors d’un grand millésime ! La WINEista. Est-il difficile de trouver des vins d’un bon rapport qualité/prix à Bordeaux ? J.A. Non ! Par exemple en 2014, un millésime pas très médiatique, on trouve des vins d’un très bon rapport qualité prix. Notamment dans le nord du Médoc, où il y a eu moins de pluie et où les vins sont fabuleux. Saint-Estèphe est une appellation qui monte, les prix sont beaucoup plus abordables qu’à Pauillac ou Saint-Julien. J’ai trouvé des vins très bons vendus autour de 15 €. Tout n’est pas trop cher à Bordeaux ! Mais c’est parfois difficile pour les consommateurs de s’y retrouver entre les 65 AOC et les différents millésimes ! La WINEista. Vous avez souvent l’occasion de déguster les plus Grands Crus Classés de Bordeaux, sont-ils vraiment exceptionnels ? J.A. Ah ! Ah ! Il y a une chose qui est exceptionnelle, c’est leur constance. Ils peuvent faire de très grands vins même dans les petits millésimes. Cela vient de leurs terroirs mais aussi de leurs moyens techniques et humains. S’il pleut pendant les vendanges, ils ont les moyens de faire venir 150 vendangeurs dès le lendemain.  La WINEista. Cette exception justifie-t-elle leurs prix souvent exorbitants ? J.A. Pas toujours. C’est rare qu’un vin valle la peine de dépenser 1000 € pour une bouteille. C’est impossible de justifier cet ordre de prix. Mais en même temps, ici à Bordeaux, comme en Bourgogne ou dans la Napa Valley, on déguste aussi une histoire, un patrimoine. Il y a beaucoup de choses qui entrent en compte. Souvent, les personnes qui ont les moyens d’accéder à ces vins ne sont pas forcément celles qui sont capables de les apprécier le plus. Mais ça, c’est le monde dans lequel on vit !  La WINEista. Dans votre dernier livre Wine Revolution, vous mettez en avant les meilleurs vins biologiques, biodynamiques et natures dans le monde, cela veut-il dire que les autres vins méritent moins votre attention ? J.A. Ha ! Ce que j’ai vraiment adoré avec ce livre, c’est qu’il m’a fait voyager dans les vignobles du monde ! J’ai eu le grand bonheur de déguster des vins de partout. Je n’ai pas forcément souhaité éveiller les consciences, ni être trop didactique. J’ai eu envie d’amener les lecteurs avec moi, à la découverte des meilleurs dans ce type de vins. Pour les vins natures, j’ai pris soin de ne sélectionner que ceux de bonne qualité. Les domaines qui ont les compétences de garantir qu’une bouteille achetée sera bonne à consommer 6 mois après. Ce livre m’a donné beaucoup de respect pour les vigneronnes et vignerons qui s’engagent dans ces démarches exigeantes, notamment en culture biodynamique. Les autres vins méritent tout autant mon attention. Mais je pense que les châteaux qui ont les moyens, comme les Grands Crus Classés, doivent tout mettre en œuvre pour respecter le vignoble. La WINEista. Mon petit doigt m’a dit que vous étiez en train d’écrire un nouveau livre, vous pouvez nous en dire un peu plus ? J.A. Oui, je suis en train d’écrire une encyclopédie de 200 000 mots sur les vins de Bordeaux, qui va sortir en 2019, et qui va s’appeler Inside Bordeaux. Il va vraiment être super ! Je prends soin de visiter tous les châteaux. Je suis un peu masochiste ! Je vais mettre l’accent sur les terroirs. Je pense que leur compréhension est essentielle. Si les consommateurs pouvaient mieux comprendre l’effet des terroirs, ils pourraient se passer de nous, les critiques, parce qu’ils auraient les clés pour décoder les millésimes. Par exemple, dans une année très solaire, il faut s’orienter vers un terroir qui garde la fraîcheur, comme les calcaires de Saint-Emilion ou les argiles de Saint-Estèphe. Je ne vais pas parler que d’histoire. Je veux mettre en avant les changements, les jeunes qui s’installent. Bordeaux n’est pas un vignoble figé, il est en train de changer ! La WINEista. En France, y-a-t-il beaucoup de femmes dans le milieu du journalisme vin ? J.A. Bon, il y a des femmes talentueuses (Jancis Robinson, Lisa Perrotti-Brown, Rebecca Gibb). Mais les critiques célèbres restent souvent des hommes. Il est tout à fait possible d’être une femme et de réussir, de mener de front sa vie de famille et sa carrière professionnelle. Pour ma part, j’essaye de bien faire mon travail.  La WINEista. Pensez-vous que le monde du vin soit macho ? J.A. Oui ! Cependant, je n’ai eu que des bonnes relations avec les châteaux. Peut-être parce que j’essaye de comprendre leurs enjeux, la technique. Et même dans mon métier de critique, je ne veux pas imposer mon avis, je ne veux pas être égoïste. C’est peut-être cela qui fait la différence avec certains de mes collègues masculins… La WINEista. Quelle est la femme du vin que vous admirez le plus ? J.A. Il y a beaucoup de femmes que j’admire. Jancis Robinson, elle est Master of Wine, elle a trois enfants, elle travaille dur et très bien. Des vigneronnes, comme l’œnologue Anne-Françoise Quié du Château Rauzan-Gassies, elle a une approche très subtile au vin. Claire Villars Lurton du Château Ferrière, elle a une approche très ouverte de la biodynamie. J’adore déguster et échanger avec Annabelle Cruse-Bardinet, du Château Corbin. Caroline Decoster, du Château Fleur Cardinale, avec qui j’ai fait mon DUAD. Estelle Roumage, du Château Lestrille, qui a ouvert un super caveau de vente dans le centre de Bordeaux. Les femmes sont souvent plus ouvertes à des discussions franches autour du vin. Et ça, je l’apprécie beaucoup ! La WINEista. Quelle bouteille avez-vous ouverte quand vous avez mis le point final à votre dernier livre ? J.A. Avec mon livre Wine Revolution, j’ai fait beaucoup de dégustations à la maison. Il y a 250 vins de partout dans le monde qui y sont référencés. A la fin, j’ai ouvert une bouteille de Pinot Noir de l’Oregon, la cuvée Laurène du Domaine Drouhin. C’est une femme, Véronique Drouhin-Boss, qui l’a vinifié, il porte le même prénom que ma fille et il est juste succulent ! La WINEista. Et avec quel plat ? J.A. J’ai travaillé avec des sommeliers afin de trouver les accords mets et vins parfaits. Avec ce vin, c’était des noix de Saint Jacques à l’huile de truffe. La WINEista. Si je vous dis « assemblage », cela vous évoque quoi ? J.A. Bonne question ! L’idée que Bordeaux est maître dans l’art de l’assemblage depuis plusieurs siècles. Avec un assemblage, on peut avoir des éléments qui sont bons séparément et qui deviennent quelque chose d’incroyable ensemble. C’est un peu comme une équipe. Si on a des bons éléments, on travaille beaucoup mieux ensemble que tout seul ! La WINEista. Quel est l’endroit de Bordeaux qui vous fait rêver ? J.A. J’adore aller au Cap Ferret, surtout en hiver, même quand il ne fait pas beau. A Bordeaux centre, j’adore l’ambiance du marché des Capucins. J’aime aussi faire le tour des ponts quand je fais mon jogging. La WINEista. Où allez-vous dîner après une journée de rédaction derrière votre ordinateur ? J.A. Au restaurant Au bistrot, à côté des Capucins. La carte des vins est superbe et l’ambiance est super cool. Jane fait un travail similaire à celui des œnologues. Elle assemble les mots pour écrire une belle histoire, qui sera dégustée quelques mois après, à petites goulées… Merci Jane pour ce moment très intéressant et fort sympathique en votre compagnie. Je pense que si tous les critiques vin faisaient preuve de votre humilité, ce métier prendrait une dimension plus humaine et l’image du vin s’en trouverait grandie. Retrouvez les autres interviews des femmes du vin : * Laurence Chesneau-Dupin, Conservateur en chef du Patrimoine, Directrice de la culture de La Cité du Vin à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de la cité. * Coralie de Boüard de Laforest, gérante du Château La Fleur de Boüard et vigneronne du Château Clos de Boüard : Les femmes du vin au fil des cuves. * Karine Vallon-Pin, responsable chêne pour l’œnologie au sein du groupe Charlois : Les femmes du vin au fil de l’élevage. * Monia Aoudi, chef sommelière au restaurant Le Prince Noir à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de l’assiette. * Latifa Barthe Saikouk, vigneronne au domaine Saïkouk / Le Mont du Puit : Les femmes du vin au fil des sarments. * Anne Le Naour, directrice générale adjointe des propriétés bordelaises de Crédit Agricole Grands Crus : Les femmes du vin au fil des galons. Crédit photo : Atelier Goodday, Gabriel Guibert.]]>

Les femmes du vin au fil des galons

Nous avons rendez-vous avec Anne, que nous croisons sur le chemin parce qu’elle s’est forcément arrêtée observer les vignes, avant de nous conduire dans l’antre douillet du chai. L’heure est à l’attinage des barriques. Un terme utilisé dans la marine, consistant à mettre en place les tins servant à accueillir les navires lors de leur mise à sec. Une opération aussi pointilleuse et périlleuse pour les bateaux que pour les fûts de chêne. Après leur soutirage, ils sont démontés des rangs afin d’être nettoyés. Il faut ensuite les remettre en position. La première rangée est soutenue par les tins en bois non traité qui sont au sol. Elle servira de socle à toutes les autres. Un vrai travail d’équilibriste ! Anne, parisienne d’origine, n’est pas issue du milieu du vin. C’est son envie de travailler dans cette filière qui l’a éloignée de la capitale. Depuis toute petite, elle a été sensibilisée aux arts de la table et à l’exception des terroirs français par ses parents, qui exerçaient des métiers de bouche. Cette éducation épicurienne l’a tout naturellement menée vers une école d’ingénieur agronome, où elle s’est rapidement rendu compte qu’elle était tout particulièrement intéressée par deux univers relativement proches : le vin et le fromage. Deux produits agricoles transformés, qui portent une part de la culture et de l’art de vivre à la française. Dès son premier stage dans le monde du vin, elle a été piquée par le virus. Elle continuera à manger du fromage, mais elle deviendra œnologue ! Après un petit tour de France des régions viticoles, elle a porté son dévolu sur le vignoble bordelais, peut-être parce que la ville de Bordeaux a séduit son âme de citadine ! N’étant pas originaire du cru, son intronisation n’a pas été du tout cuit. Mais, forte de ses compétences et de sa ténacité, elle a rapidement gravi les échelons. Une expérience chez le négociant Ginestet, une autre « à la bonne école » chez Bernard Magrez pendant 7 ans, pour arriver fin 2009 à la direction technique du groupe Crédit Agricole Grands Crus qui possède 5 propriétés de prestige sur le vignoble bordelais (Château la Tour de Mons en Margaux Cru Bourgeois, Château Grand-Puy Ducasse en Pauillac, Château Meyney en Saint-Estèphe, Château Blaignan en Médoc Cru Bourgeois, Clos Saint-Vincent en Saint-Emilion). Anne, les cheveux châtains foncés au carré et au port altier, a un air de Jackie Kennedy, avec un regard un peu plus dur, qui montre la détermination et la volonté dont elle a du faire preuve pour arriver là où elle est… La WINEista. Quelles sont les missions d’une directrice générale adjointe chez CA Grands Crus ? Anne Le Naour. C’est de proposer et de valider l’ensemble des décisions qui ont trait à la partie technique ; de la plantation, à la mise en bouteille. Ce qui occupe 80% de mon temps. Je suis également impliquée dans la gestion, l’administration, la représentation, la distribution des vins.  La WINEista. Qu’est ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? A.L.N. Comment dire… Le côté extrêmement pluridisciplinaire de ce métier. Il faut beaucoup de rigueur, mais aussi de la créativité. Il faut embarquer les équipes, les convaincre. Je suis plus dans un management de conviction. J’aime bien que l’on soit sur la même longueur d’onde et que l’on partage les résultats ensemble. Et puis surtout, on cultive une plante pérenne, ce sont les générations suivantes qui en récolteront les fruits.  La WINEista. Quels sont les temps forts de votre métier ? A.L.N. Incontestablement les vendanges et les vinifications ! On y est 7 jours sur 7. Cela demande une forte implication. C’est là que l’on concrétise le travail de l’ensemble des équipes de toute une année. Mais on peut y vivre tous les jours des temps forts. Il n’y a pas de routine dans ce métier ! On sort de chaque millésime un peu transformé parce que l’on s’enrichit d’une nouvelle expérience. La WINEista. Cela n’est-il pas difficile d’être sur plusieurs lieux à la fois (ndlr : sur les 5 propriétés de CA Grands Crus) ? A.L.N. Non moi j’adore ! Alors parfois, il peut y avoir la frustration de ne pas être là à certains moments parce qu’on est ailleurs. Mais j’ai le retour des équipes, qui est très important. Au contraire, je dirais que c’est un enrichissement et une prise de hauteur. Quand il se produit quelque chose sur une propriété, on en tire des leçons pour les autres sites. C’est vraiment passionnant ! La WINEista. Parmi les propriétés de CA Grands Crus, avez-vous un chouchou ? A.L.N. Hum… C’est difficile de répondre à cette question… En terme d’unité, je pourrais dire que j’ai un petit coup de cœur pour Meyney. C’est l’ainé, il est né en 1662. Il y a une histoire fabuleuse, que l’on peut déguster au travers des différents millésimes. Mais j’ai de l’affection pour l’ensemble de nos propriétés. Elles ont toutes de la singularité, un terroir différent que l’on essaie d’exprimer au mieux. La WINEista. A l’heure où les consommateurs sont à la recherche d’identité quand ils choisissent une bouteille, cela n’est-il pas préjudiciable d’être un Château appartenant à une banque ? A.L.N. C’est peut-être moins sexy… Mais je ne pense pas que cela soit préjudiciable parce que les propriétés sont incarnées par les Hommes qui y travaillent ; les maîtres de chai, les responsables d’exploitation, moi-même. Vous avez discuté avec certains d’entre eux, vous avez ressenti le fort sentiment d’appartenance de ces personnes. Je pense que notre force c’est notre équipe. La WINEista. Dans le bordelais, y a-t-il beaucoup de femmes à des postes de direction ? A.L.N. Il n’y en a pas beaucoup. J’espère qu’il y en aura plus demain. On est encore nettement sous représentées. Il n’y a cependant plus le sentiment qu’il est impensable de présenter une candidature féminine à un poste de direction. La WINEista. Pensez-vous que le monde du vin soit macho ? A.L.N. Euh… Pas plus que les autres… Mais probablement pas beaucoup moins non plus ! J’ai sans doute dû fournir plus d’efforts parce que je suis une femme. La WINEista. Et dans les équipes techniques des propriétés de CA Grands Crus, est-on à la parité ? A.L.N. Au Château la Tour de Mons c’est une maître de chai, à Grand-Puy Ducasse aussi, la responsable vigne et chai du Clos Saint-Vincent est également une femme. On est presque pas loin de la parité, ce qui n’est pas très courant. On n’a pas encore de femme chef de culture. Je suis évidemment pour que les femmes puissent prendre des positions qui soient en phase avec leurs niveaux de compétences. Je ne suis pas pour embaucher des femmes parce qu’elles sont des femmes. Bien qu’on aura vraiment l’égalité hommes femmes quand on acceptera d’avoir des femmes incompétentes à des postes importants ! La WINEista. Quelle est la femme du vin que vous admirez le plus ? A.L.N. J’ai eu la chance de rencontrer Dominique Hériard Dubreuil (ndlr : fille d’André Hériard Dubreuil, ex président directeur général de Rémy Martin) lors d’une conférence sur les femmes du vin. Malgré ses origines, elle n’était pas prédestinée à reprendre la direction de l’entreprise familiale. Elle est partie aux États-Unis construire sa propre histoire avant de revenir dans sa Charente natale et de réussir à s’imposer face à ses frères à qui la place était promise… J’ai rencontré pour la première fois Isabelle Davin, œnologue des Châteaux Léoville Poyferré et Le Crock, lors de mon stage d’ingénieur. C’était la première femme de ma génération que je croisais et qui occupait un poste à fortes responsabilités à Bordeaux. Je l’ai trouvée à la fois très professionnelle, accessible et très humble. Sa rencontre a ranimé en moi l’espoir qu’une femme, non fille de propriétaire, puisse occuper un poste intéressant sur la partie technique. Et puis ma mère, elle est mon mentor depuis mon plus jeune âge. Elle est devenue vigneronne en Luberon (Domaine des Peyre) il y a moins de dix ans. Une reconversion qui me rend encore plus fière d’elle ! La WINEista. Quelle bouteille ouvrez-vous après une réunion avec les actionnaires de CA Grands Crus ? A.L.N. C’est très variable. Cela dépend du moment. J’aime bien sortir de Bordeaux. Il faut toujours avoir un niveau de curiosité élevé. Quoique, ma dernière grande émotion a été avec un Château Les Carmes Haut-Brion 1910, que j’ai eu la chance de goûter à la propriété. Au delà du fait que j’ai été surprise par l’aspect jeune du vin, c’est toujours un grand moment de déguster des vieux millésimes. On boit une part d’histoire ! La WINEista. Si je vous dis « épargner », cela vous évoque quoi ? A.L.N. C’est marrant, j’ai passé une très bonne journée professionnelle hier et je me suis dit en rentrant : si seulement on pouvait épargner des choses qui se passent bien pour les réutiliser les jours où on est moins bien. Cela m’évoque plus une épargne d’énergie que financière. Mais peut-être que mon actionnaire n’aimerait pas entendre ça ! La WINEista. Quel est l’endroit de Bordeaux qui vous fait rêver ? A.L.N. C’est difficile de citer tous les lieux qui me font rêver. J’aime bien les volumes et la lumière que l’on retrouve dans l’ancien Entrepôt Lainé qui accueille aujourd’hui le CAPC (ndlr : le musée d’art contemporain). J’aime aussi le Miroir d’Eau. Il y a plein de belles choses à Bordeaux ! La WINEista. Où allez-vous dîner quand vous avez besoin de vous relaxer ? A.L.N. J’ai récemment découvert une super adresse, le Hâ restaurant. C’est une très très bonne table, le chef est sympa, le service est impeccable. J’ai pris le menu avec les accords mets et vins, la qualité des vins est très intéressante ! Anne, en tant que femme et travaillant dans la filière vin, je ne peux qu’être fière de votre parcours. Merci de porter haut et fort les couleurs des femmes et des vins ! A très vite pour vibrer avec une nouvelle femme du vin… Retrouvez les autres interviews : * Laurence Chesneau-Dupin, Conservateur en chef du Patrimoine, Directrice de la culture de La Cité du Vin à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de la cité. * Coralie de Boüard de Laforest, gérante du Château La Fleur de Boüard et vigneronne du Château Clos de Boüard : Les femmes du vin au fil des cuves. * Karine Vallon-Pin, Responsable chêne pour l’œnologie au sein du groupe Charlois : Les femmes du vin au fil de l’élevage. * Monia Aoudi, chef sommelière au restaurant Le Prince Noir à Bordeaux : Les femmes du vin au fil de l’assiette. * Latifa Barthe Saikouk, vigneronne au domaine Saïkouk / Le Mont du Puit : Les femmes du vin au fil des sarments. Crédit photo : Atelier Goodday, Gabriel Guibert.]]>

Vins de Croatie, mes 4 chouchous de Dalmatie

Grk 2017, Domaine Bire, terroir de Lumbarda, île de Korcula Une farandole d’arômes virevolte gaiement sur des notes d’eucalyptus, résine de pin, fleurs blanches, épices jaunes. Une bouche d’une complexité renversante, qui s’emballe sur une superbe finale fraîche, citronnée, qui fait saliver. N’en déplaise aux ancêtres croates qui l’avaient nommé ainsi en référence à son amertume, les sols sablonneux de Lumbarda, favorables à une maturité optimale, ont réussi à gommer son caractère végétal ! Un vin blanc qui réveille les sens… Avec une polenta à l’encre de seiches. Posip 2017, Domaine Skaramuca, terroir de Cara, île de Korcula Le roi des cépages de Korcula sent bon les agrumes, le melon jaune, l’encens, la pierre à fusil. Sa bouche raconte une belle histoire, qui démarre tout en douceur avec une jolie matière, ricoche de vivacité, puis s’éternise sur des effluves minérales. Un vin blanc qui laisse rêveur… Avec un pavé d’espadon sur sa purée de blettes et pommes de terre à l’huile d’olive, aussi bon que celui servi à la Taverna Riva sur le port du village de Bol. Babic 2013, Domaine Leo Gracin, terroir de Primosten, Dalmatie du Nord Un nez surprenant parce qu’il ne ressemble à nul autre ! Un peu comme son vignoble de Primosten. Un mélange puissant de fruits noirs (mûres, cassis), figues sèches, tabac. Des tanins charnus qui soutiennent une matière de dingue !  Un vin rouge atypique… Avec une peka de viandes. Un assortiment de viandes cuites pendant 3 heures dans une cloche en fonte recouverte de braise. Dingac 2015, Domaine Skaramuca, terroir de Dingac, presqu’île de Peljesac Sur ce terroir exceptionnel, le Plavac Mali respire les fruits noirs confiturés (pruneau, myrtille), le kirsch, les senteurs de garrigue (thym, laurier). Il est profond, puissant, charpenté, d’une longueur affolante sur des notes réglissées. Un vin rouge unique qui se suffit à lui-même ! Ces sensations et la beauté de ces paysages resteront longtemps dans ma mémoire… Retrouvez plus de détails sur ces domaines et sur mon wine trip dans les 2 billets : Vins de Croatie, un wine tour en Dalmatie #1. Vins de Croatie, un wine tour en Dalmatie #2.]]>

Vins de Croatie, un wine tour en Dalmatie #2

Vins de Croatie, un wine tour en Dalmatie #1), je vais manquer de superlatifs pour continuer notre wine tour dalmate ! Direction l’île de Hvar, l’île de Korcula et la presqu’île de Peljesac… Etape 3 : l’île de Hvar L’île de Hvar, « île de la lavande », est un joyau aux 2 visages. On la surnomme la Saint-Tropez croate. Son décor de rêve et ses résidences de standing sur la côte, ses champs fertiles cultivés de lavande, oliviers et vignes dans les terres. Dans la plaine de Stari Grad, elle abrite le plus ancien vignoble du monde cultivé en continu. Une parcelle datant du 3ème siècle, protégée par l’UNESCO. C’est à cet endroit, le berceau de la viticulture (séquence émotion), que j’ai rencontré Ivana Caric du Domaine Vina Caric. Fièrement ancrée sur sa vigne de terre rouge, elle m’a transmis sa passion pour la reconnaissance des cépages qui sont cultivés exclusivement sur l’île comme le Bogdanusa, ou « don de Dieu ». Il donne des vins blancs tout en fraîcheur et salinité, parfaitement adaptés aux apéritifs estivaux. A la pointe Est de l’île de Hvar, à l’entrée du village côtier de Sucuraj, le jeune et charmant vigneron Juraj (Domaine Podrum Vujnovic), produit 2 micro cuvées qui m’ont fait chavirer ! Un blanc issu du cépage local Prc, au nez fruité de pêche blanche et abricot sec, à la bouche bien équilibrée, entre gras et vivacité. Un rouge 100% Plavac Mali, vinifié et élevé afin d’exprimer de la gourmandise, des tanins fondus, une bouche gouleyante.  A visiter : Stari Grad, une ville chic, la plus ancienne de Croatie. Etape 4 : l’île de Korcula Ce qu’il y a d’hallucinant en Dalmatie, c’est que les îles rivalisent de beauté ! Que dire de l’île de Korcula ? On se demande comment Marco Polo, natif de l’île, a pu quitter ce joyau ! Un eldorado pour les cépages blancs à base de Posip, les vins blancs les plus réputés du pays, cultivés dans la région de Cara, ou de Grk, que l’on ne retrouve que sur les sols sablonneux de Lumbarda. A Lumbarda, j’ai eu la chance de connaître Frano Bire (Domaine Bire), le ponte du Grk, une variété importée par les Grecs il y a plus de 2000 ans. En langue croate son nom signifie « amer ». C’est uniquement sur ce terroir particulier qu’il arrive à atteindre sa maturité optimale afin de révéler ses arômes caractéristiques de pin et dompter son amertume pour laisser place à une tension rafraîchissante. A flanc d’une colline qui domine la mer, un ensemble de jolies maisons en pierres, héberge les différentes étapes de la vinification et de l’élevage des 4 ha de l’exploitation. Ainsi qu’une taverne que je vous recommande vivement pour goûter les spécialités de la maison (sur réservation).  Sur la baie enchanteresse de Crnja Luka, Zlatko (Domaine Bacic), vous fera déguster sa belle gamme de vins, très bien habillés. Les étiquettes portent l’initiale de leurs cépages respectifs et illustrent joliment les caractéristiques sensorielles des vins. Quelle bonne idée ! « C » comme Cetinka, un cépage blanc que l’on ne trouve que sur le terroir de Blato. Un vin élégant, aux jolies notes florales et fruitées (agrumes), à la bouche qui claque de vivacité. « P » comme le célèbre Posip, un vin séduisant, entre fraîcheur et minéralité. A visiter : le magnifique village de Korcula, en dehors du temps. Etape 5 : la presqu’île de Peljesac Ah la presqu’île de Peljesac et sa superbe route des vins, avec vue sur la mer… Il est incontournable d’en prendre plein les yeux en se baladant dans le vignoble le plus connu de Croatie ! Le seul dont les vins portent uniquement le nom de l’appellation, Dingac, et non celui de son cépage, le Plavac Mali. Au bout d’un tunnel étroit qui traverse la colline, vous serez éblouis par la mer claire et bleue, qui brille de mille feux, et par la magie de ces vignes pentues (inclinées jusqu’à 44°), qui signent l’inestimable beauté des paysages viticoles croates ! Le vigneron très reconnu Ivo Skaramuca (Domaine Skaramuca) a fondé ici son paradis qu’il a malheureusement du quitter prématurément. Il est décédé l’année dernière. Ces enfants sont heureusement là pour prendre la relève d’un domaine unique de par son environnement vertigineux, son vignoble de l’extrême et la très grande qualité de ses vins. A visiter : Dubrovnik, « la perle de l’Adriatique », bien que le tourisme lui ait fait perdre son âme. La Baie de Ston pour déguster les seules huitres de Croatie, directement chez les producteurs. Je me doutais bien que ce voyage, à la découverte de la route maritime des vignobles et des cépages autochtones, allait satisfaire ma soif de découvertes. Je ne m’attendais cependant pas à une telle diversité de terroirs et de variétés, à une telle beauté des paysages viticoles et à une telle culture du vin, ancrée depuis la nuit des temps dans le cœur des Croates. Un amour inconditionnel de leur territoire, pour panser les plaies de l’histoire… Pour en savoir plus : Lire l’article, A la découverte des vins de Croatie. Visiter le site de Barbara Bacic, Les Robes de l’Est.]]>

Vins de Croatie, un wine tour en Dalmatie #1

Les Robes de l’Est. La Dalmatie est le vignoble méridional du Sud de la Croatie. Il représente 51% des  surfaces cultivées (environ 11000 ha), dédiées principalement à la production de vins rouges (83%), bien que les vins blancs les plus chers du pays se trouvent ici, sur la fabuleuse île de Korcula. Le cépage roi est le Plavac Mali, un cousin éloigné du Zinfandel (qui est originaire de Croatie où il s’appelle le Crljenak Kastelanski), produisant le plus célèbre vin rouge dalmate. Mais la liste des cépages autochtones est loin de s’arrêter là ! Le pays compte une palette extraordinaire de variétés endémiques (130 au compteur), que l’on retrouve en grande partie en Dalmatie. Même si la région est soumise à un climat méditerranéen très chaud, le continent et la myriade d’îles alentours (1244 îles et îlots) abritent un nombre impressionnant de terroirs, propices à la diversité des cépages locaux. La richesse du vignoble se résume en 2 phrases : « sa culture de la vigne remonte aussi loin que les premiers habitants qui se sont installés sur ses terres » et « la liste des cépages autochtones est aussi longue que la côte croate ». C’est parti pour les 2 premières étapes du wine tour ! Etape 1 : la Dalmatie du Nord 4 à 8 ceps tortueux, entourés de murets en pierres sèches qui descendent en pentes raides jusqu’à la mer. Nous sommes à Primosten, sur l’appellation Bucavac, l’une des plus connues, plantée exclusivement du cépage rouge Babic. Ce vignoble est tellement beau et unique, que sa photographie a été exposée dans le hall du siège des Nations Unies à New York.  Le pionnier du Babic est Leo Gracin (Domaine Leo Gracin). Cet œnologue, professeur à l’Université d’Agroalimentaire de Zagreb, œuvre pour la reconnaissance de cette variété endémique et le classement de ce vignoble au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un cépage qui nécessite des conditions extrêmes (sols calcaires arides, peu fertiles, caillouteux, températures élevées, pentes abruptes) pour atteindre le sommet. Il donne alors des vins concentrés, structurés, aux puissants arômes de mûres. A visiter : la magnifique ville de Split et son marché coloré. Etape 2 : l’île de Brac L’île de Brac est mondialement connue pour sa pierre blanche, qui a été utilisée pour la construction d’une partie de la Maison Blanche à Washington. Celle-là même qui fait scintiller le sol des vignes. Le Domaine Stina Vino a voulu rendre hommage à ce don de la nature. Stina signifie « pierre ». Les différentes cuvées sont revêtues d’une étiquette en buvard blanc immaculé. Un habillage très minimaliste, qui a pour vocation de laisser le dégustateur s’exprimer en dessinant ce qu’il ressent à même la bouteille. « Le vin est source d’inspiration ». Cette ancienne cave coopérative (la première de Dalmatie) a été achetée et rénovée en 2009 par Mr Jako Andabak, un entrepreneur de l’île. Le résultat est bluffant ! Un chai à la pointe de la technologie, un caveau grandiose, une salle de dégustation dans les règles de l’art. Ici, tout est bien pensé pour mettre en valeur les cépages locaux (Posip et Vugava en blanc, Plavac Mali et Zinfandel en rouge), l’exception des terroirs et le savoir-faire des Hommes. Sa situation géographique, les pieds dans l’eau, sur le magnifique port de Bol, est le clou du spectacle ! A visiter : le petit village de Bol et sa plage mythique de Zlatni Rat a Bol, « la corne d’or ». On se retrouve très vite pour la suite de nos péripéties en Dalmatie. A la découverte des cépages endémiques et des vignobles à la rare beauté des îles de Hvar, Korcula et de la presqu’île de Peljesac…]]>