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Le vin est-il aphrodisiaque ?

Cité du Vin a organisé un débat qui avait du chien, un rendez-vous avec Bacchus et Vénus sur le thème « le vin est-il aphrodisiaque ? ». Une soirée ponctuée de rires, de minutes scientifiques, de retours sur le passé, d’instants émoustillants, qui aurait pu durer jusqu’au petit matin tellement c’était bien ! Autour de la table, les invités ont mené une discussion de qualité, riche de leurs compétences variées et de leur franc-parler. Deux médecins, Philippe Brenot (auteur de « Le Vin et l’amour » éditions Ferret) et Jean-Didier Vincent (membre de l’Académie des Vins de France), nous ont plongés dans les mécanismes du désir. Deux journalistes, Ophélie Neiman (Miss GlouGlou) et Jérôme Baudoin (La Revue du vin de France), nous ont illuminés de leur culture dans l’univers du vin. Une actrice, Armelle, nous a envoûtés de sa voix séductrice. Le tout rondement orchestré par Jacques-Olivier Pesme (directeur de KEDGE Wine & Spirits Academy). « Dans l’inconscient collectif, la rencontre amoureuse, l’érotisme, la volupté et l’art d’éveiller le désir sont escortés par le vin. Le divin nectar aux mille vertus est le compagnon millénaire des rendez-vous amoureux. Le vin est immanquablement présent dans l’imagerie de la séduction et des plaisirs de la chair. Alors, le vin est-il coquin ? Le vin est-il un vecteur de désir ? Le vin ouvre-t-il les portes de l’amour et du plaisir ? Quels sont ses effets sur le cerveau et sur nos élans amoureux ? Le vin, certes, modifie nos comportements et enivre nos sens mais jusqu’à quel point ? Avec quels risques ? » Comment le vin agit-il sur le cerveau pour provoquer le désir ? Ce n’est pas le vin mais l’alcool qui agit sur le cerveau. Celui-ci a des récepteurs sur le système hédoniste qui déclenchent la production de sérotonine, de dopamine et d’endorphine, des hormones du désir. Le vin et les anxiolytiques ont à peu près le même profil pharmacologique. Ils sont désinhibiteurs à faible dose et sédatifs à forte dose. Si on relit la définition du mot aphrodisiaque, «  une substance naturelle ou une alchimie utilisée afin de stimuler le désir sexuel », on ne peut pas dire que le vin soit à proprement parler une substance aphrodisiaque. Il ne stimule pas directement le désir sexuel, c’est son effet désinhibiteur qui le stimule. Une étude italienne a cependant démontré que « la consommation de deux verres de vin rouge quotidiens chez la femme entraîne une augmentation du désir sexuel et une meilleure lubrification vaginale ». Merci les antioxydants ! Leur effet vasodilatateur stimulerait l’œstrogène, une hormone intimement liée au désir féminin. Comment le vin et l’amour s’accompagnent-ils dans les arts et l’histoire ? Le vin et l’amour se sont donné la main depuis l’antiquité. Chez les Romains, le vin était à l’honneur dans les tavernes de Pompéi, hautes en érotisme. Chez les Grecs, il était le fer de lance des orgies. Certains jours étaient même consacrés à ces parties de débauche afin de lutter contre l’infertilité. On le retrouve au XVIème dans la célèbre peinture de Bacchus (Le Caravage), un jeune homme aux lèvres charnues. Le Déjeuner d’huîtres, de Jean-François de Troy, est le premier tableau montrant un bouchon de champagne sauter. Evoquant les prémices au désordre des sens et l’orgasme masculin. Dans sa lettre d’amour à Claudy Carter, le désir de Jacques Prévert envers sa jeune maîtresse, s’éveille avec un verre. « Ici il pleut. Aujourd’hui j’ai bu du vin blanc et aussi du vin rouge mais je ne suis pas saoul, non absolument pas. Je ne m’ennuie même pas. J’attends. Je pense souvent à toi, très souvent et je voudrais t’embrasser, te caresser… ». Dans Les Mémoires de Casanova, ce dernier se nourrit quasi exclusivement d’huitres et de champagne afin de titiller ses sens les plus intimes. Le vin est largement présent dans les scènes libertines des œuvres du Marquis de Sade. Au cinéma, il se teinte de sensualité dans de nombreux films. Les Innocents – The Dreamers, Bernardo Bertolucci met en scène Eva Green dans un concours sensuel de tee-shirt mouillé au vin ! L’Apollonide, Bertrand Bonello s’insère dans la moiteur de la maison close. Les jeux de l’Amour et du vin : séduction, marketing et sociologie Le champagne était la boisson reine des maisons closes parisiennes (Le Sphinx, Le Chabanais). Aujourd’hui, il est toujours symbole d’amour et de sexe. Pour Pierre-Emmanuel Taittinger son concurrent majeur est le viagra. De son côté, Bollinger a passé un accord pour apparaître « aux moments opportuns » dans les films de James Bond. Au cinéma, le vin est la boisson du partage, de convivialité. Chardonnay, Merlot, Cabernet, les femmes boivent du vin, le sourire aux lèvres, dans les séries américaines. A l’inverse, un personnage déprimé consomme des spiritueux. L’amour, la sensualité, sont fréquemment utilisés dans la communication sur le vin. Il est toutefois regrettable que l’on retrouve quasi exclusivement la femme dans des mises en scènes évocatrices et qui, de surcroit, ne sont pas toujours de bon goût. A Corps Perdus, Le Rouge aux Lèvres, De Chair et de Sang, Dans la Peau, Les Vignes Enlacées, Soif de Toi, un de mes domaines chouchous de l’appellation Faugères, Les Amants de la Vigneronne, a fait preuve d’imagination dans le choix du nom de ses cuvées. Il en est de même pour le Domaine Pietri-Geraud et son Flagrant Désir, le Domaine Breton et ses Nuits d’ivresse. Les Vignerons du Brulhois proposent une gamme, Grain d’Amour, habillée d’étiquettes thermosensibles laissant apparaître des petits mots doux quand les vins sont à température. Le vin peut donc aider à tomber amoureux mais, comme le disait si bien Colette, on peut aussi tomber amoureux d’un vin…]]>

5 commentaires

  1. Isabelle says

    Merci, excellent article chère WINEista! Ca fait regretter d’avoir raté ce débat…

  2. Je voulais m’y rendre, mais St Valentin oblige, je suis resté en tête à tête avec ma chère et tendre.
    Merci pour ce compte rendu 🙂 !

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